it takes two flints to make a fire (arabella)

partie une childhood
Il y a des endroits où le soleil brille plus fort. Malgré le climat doux de San Juan, Arabella, ainée d’une fratrie de trois enfants, sentait son monde assez terne. Sa famille n’avait pas énormément de moyen, mais pouvait vivre sans pouvoir faire d’excès. Le contraste se voit déjà à l’école, les vêtements qu’elle porte ne sont pas aussi neufs que ceux des autres. Certains se moque de cette situation, mais la jeune fille tâche de garder la tête haute, parce qu’un jour, elle aura sa vie et qu’elle partira de cette ville. Bien sûr, sans pour autant, oublier d’où elle vient.

Au cours de sa dixième année de vie, un mardi soir, Arabella rentre de l’école en chantant et sautillant joyeusement, mais elle déchantera assez vite. Elle pose la main sur la poignée de porte et pousse l’obstacle pour entrer. Sa mère est dans la cuisine, non pas en train de préparer le repas du soir, mais assise à la table, le regard vide. Elle s’approche d’un pas discret, secoue la manche de la robe de sa mère. -- Maman ? qu’elle répète plusieurs fois d’affilé. Là, les larmes commencent à couler sur le visage de celle qui l’avait mise au monde. Elle renouvelle l’opération jusqu’à ce que sa mère trouve le courage de prendre la parole. -- Ton père a eu un accident au travail, ma chérie. En effet, son père était ouvrier sur les chantiers, en ce moment sur un projet que la ville avait mis en place. L’homme avait chuté d’un échafaudage, une bonne dizaine de mètres selon les autorités. Un accident qui peut arriver à n’importe qui, à n’importe quel moment. Son père perdra la vie quelques jours plus tard, suite à une infection contractée à l’hôpital.

La famille a du mal à se reconstruire au début. Sa mère retrouve quelqu’un. Il a plus d’argent qu’eux, pas au point de brûler les petites coupures sans avoir peur, mais assez pour mieux vivre. Et surtout partir d’ici. Ils se marient et la famille emménage dans la foulée à Nola. Sa mère, encore dans la fleur de l’âge, tombe enceinte à nouveau et donne naissance à un petit garçon.

partie deux growing up
Arabella a maintenant vingt sept ans, et a parcouru son bout de chemin. Des gens étaient rentrés dans sa vie pour en ressortir. Elle apprend de ces épreuves pour forger d’avantage son caractère. Cela fait plusieurs années qu’elle est pompière au sein de la caserne de la ville. Elle s’est même mariée. C’est toujours beau au début. Tout rose, tout propre. Puis, la belle commence à se faire un peu plus distante, passe plus de temps au boulot. Cela ne plait pas à son mari, mais elle ne veut pas changer de métier, parce que ça lui tient à cœur. Vraiment. Sauver les autres, les aider, c’est sa raison d’être, ce qui la définie.

Elle se sent bizarre, a l’impression qu’elle change. Elle prend même un peu de poids, mais sans plus. Arabella met ça sur le compte du stress et le fait qu’elle n’arrive pas à communiquer avec son mari. Puis, elle prend connaissance alors qu’elle participe à l’entretient des camions de la caserne. -- j'ai mal au ventre, c’était revenu comme ça, un coup de poignard. Elle est emmenée à l’hôpital, son mari est prévenu et la rejoint. Là-bas, Arabella est examinée sous toute les coutures, tout y passe. On procède à une échographie abdominale et pelvienne, l’interne fronce les yeux et Arabella tique. -- Qu'est-ce qu’il se passe ?. Son mari et elle regardent l’écran mais ne semblent pas comprendre. Pour eux, c’est juste des nuances de blanc et de noir, sans grande signification. Le médecin sénior arrive, examine le dossier, prends les choses en main. Il leur annonce qu’elle est enceinte de quatre mois. -- Mais je ne comprends pas, je n’ai rien vu du tout. Je suis toujours réglée. C’est vrai que j’ai pris un peu de poids, mais pas énormément. Les futurs parents sont tous les deux aussi choqués et ont du mal à parler. -- Vous savez l’esprit est quelque chose de bien complexe. Il est possible que parfois il peut choisir de ne pas voir certaines choses. Ne vous inquiétez pas, vous serez suivit de prêt. Que se soit aussi niveau de votre grossesse ou bien sur le point psychologique. Juste, je dois vous prévenir. Maintenant que vous êtes consciente de votre état, les choses prendront leur place naturellement. Votre ventre va se gonfler pour laisser la place nécessaire au bébé. Et c’est ce qui arrivera quelques heures plus tard. Arabella sort le soir même avec tout un tas d’indications et de rendez-vous médicaux. C’est peut-être l’un des premiers soir depuis longtemps que la jeune femme s’autorise à craquer dans les bras de son homme, à lui confier ses peurs, à parler avec tout son cœur. Ça leur fait du bien. Les choses s’enchaînent assez vite, ils préparent la chambre du bébé. Cinq mois plus tard, le 30 mai 2019 après une césarienne programmée, Arabella donne naissance à son premier enfant, un petit garçon, qu’ils nomment Alvaro.

partie trois nowadays
2022 Alvaro a maintenant trois ans, ce que le temps passe vite quand on y pense. Quelques mois après sa naissance, la jeune femme avait déjà repris le travail, doucement mais sûrement. Enfin, elle retombe dans le travail et s’éloigne à nouveau de son mari. Un soir, à bout de souffle après une intervention particulièrement éprouvante que ce soit sur le point physique ou psychologique, elle craque. Pas comme, elle l’imagine. Pas de larmes pour le moment, juste de la fatigue. Ne voulant pas débuter une dispute dont personne n’en sortirait indemne, elle lui dit clairement que s’il le souhaitait, il pouvait aller voir ailleurs. Trouver quelqu’un qui le rendra heureux, mais tant qu’il ne lui enlève pas son fils. Elle ne pourrait pas le supporter, pas après avoir vécu cette intervention. Il refuse et dit qu’il va se battre pour eux, mais après quelques mois à se battre tout seul, la procédure de divorce est enclenchée.

Elle ne comprend pas tellement les conséquences de cet accident, et les sanctions prises à l’encontre de son collègue et ami. Noah a été le premier à l’accueillir à la caserne, Arabella était rassuré de voir un visage familier dans la foule. Elle le connait bien, lui fait amplement confiance, et sait que malgré les circonstances, il n’est pas du genre à être violent. S’il y a bien quelque chose qu’il faut savoir à propos d’elle, c’est qu’elle n’est pas du genre à laisser tomber aussi facilement. Coute que coute, elle va tout faire pour qu’il réintègre la caserne. Surtout voir son visage au quotidien, sentir sa présence. Parce que oui, cela fait un bout de temps qu’elle ressent ce pincement au cœur quand il est loin d’elle et cette chaleur dans les joues quand il est juste devant elle. Elle a le cœur qui s’emballe quand elle pense à lui. Malheureusement, tous les deux ont fait leur propre route sur le chemin sentimental, et elle n’a jamais été capable de lui dire ce qu’elle ressentait. Par peur de voir leur amitié se ternir ? Ou que cela ne soit pas réciproque. C’est une bonne question, car elle ne peut pas le forcer à l’aimer.