(( ares )) alpha omega.

(( not like my father )) 3 ans.
— tw : violence parentale.

"Il est trop con c’gamin, t’façon. On pourra rien en faire."
"Il est encore trop jeune, tu peux pas savoir ça."
"Ça se voit à sa gueule. Il est pas foutu d’aligner trois mots et on dirait qu’il capte rien quand on lui parle, ce débile. Ares ?"
Claquement de doigts que t’entends, mais tu relèves pas la tête, occupé à jouer sur le sol crasseux avec des capsules de canettes de bière, à les empiler comme si c’était des legos.
"J’t’ai dit, putain. Si t’étais moins conne, p’têtre qu’il serait moins raté."
"Ah, parce que tu penses que tes gênes sont mieux peut-être ?"
Le claquement qui résonne dans la pièce, souffle court qui s’échappe de ses lèvres.
"Fais gaffe à comment tu parles."

(( i’d destroy myself to fix you )) 9 ans.
— tw : violence parentale.

Bruit de vaisselle qui s’écrase par terre. Les cris qui s’élèvent, les insultes qui fusent.
"J’la déteste cette petite conne, elle arrête pas de répondre, elle est comme toi, elle sait jamais fermer sa gueule ! Vous êtes toutes pareilles t’façon, obligés de vous foutre des tartes pour qu’vous compreniez ! Regarde la, y’en a pas un pour rattraper l’autre dans c’te baraque."
Il pointe Athena du doigt, Athena qui est recroquevillée dans un coin, qui s’est tut depuis que les assiettes ont commencé à éclater. Et il s’approche, dangereusement, et tu te plantes en face d’elle.
"La touche pas."
"Bouge-toi, Ares. J’te le répèterai pas deux fois."
"Tu la toucheras pas."
"C’est même pas ta soeur. Arrête de jouer le sauveur."
"C’est ma soeur. Dis pas ça."
"Non, c’est pas ta soeur. C’est pas ta soeur, parce qu’ici, on se barre deux ans et quand on revient, ta femme a fait un gosse avec un autre cassos. Dégage."
Mais toi, tu restes planté sur tes petits pieds, face à ta cadette. Et quand il essaye de s’approcher, tu le repousses de toutes tes forces, lui donnes un coup dans l’entrejambe. Et forcément que la réaction ne se fait pas attendre. Tu te prends le retour de bâton fois mille dans la gueule, le poing qui entaille ta pommette, la douleur qui te tord les entrailles. Mais c’est pas grave. Le principal, c’est qu’Athena risque plus rien pour l’instant. Et les coups qu’elle devrait se prendre, c’est toi qui les encaisses pendant des années, sans broncher, tout ça pour la garder en sécurité.

(( i’ve lost control again )) 15 ans.
— tw : tentative de suicide, hôpital psychiatrique, bipolarité, refus de traitement, psychophobie.

Quinze ans qu't'avais, quand ta soeur t'a trouvé sur la moquette aux tâches brûlées de ta chambre sombre, les poignets tailladés, flaque rougeâtre à tes pieds. Inconscient, trou noir, au revoir. Bonjour chambre blanche, lumières aveuglantes, ambiance morbide. Les poignets bandés et surtout attachés. Série d'entretiens pour mieux te connaître. Mieux te cerner. Analyser ton esprit. Et le verdict tombé : bipolarité. Parents paumés, "on va l'envoyer chez les tarés, on s'ra mieux après". Cachets à avaler chaque début de matinée. Cachets planqués, collés au palais pour finalement être recrachés. Jusqu’au jour où on t'a dit "tu peux partir" — et t’es parti. Sans te retourner. C'était censé te recadrer, te canaliser, te soigner - mais toi, t'as rien écouté. T'as rien touché de ce qu'ils te donnaient. T'as juste appris à faire semblant, à dire ce qu'ils voulaient entendre. À manipuler. Et les voix dans ta tête se sont intensifiées. Parfois elles te contrôlent. Parfois elle dorment. Le truc, c'est qu'tu sais jamais quand elles vont décider d'se réveiller.

(( weapons don’t weep )) 16 ans.
— tw : violences, drogues.

Retour à la maison qui est brutal — parce que même si t’aimais pas être enfermé avec les tarés, ne pas avoir de parents semblait idyllique. La réalité te frappe en pleine face, et tu gères pas du tout. Alors, au lieu d’apprendre, tu te fermes entièrement. Les émotions refoulées au plus profond de toi, c’est plus facile quand on ne ressent pas. L’envie, le besoin, de t’endurcir. Le paternel qui te répète constamment que t’es frêle, que t’es faible, que tu feras jamais rien de ta vie. Les tattoos qui commencent à recouvrir ta peau. Le sport de combat comme échappatoire, les muscles qui se développent malgré ta corpulence de brindille. T’apprends à te battre — vraiment — et tu mets tes compétences en pratique dans les rues de Warren Avenue, jamais sans des bleus, parce que faut dire que la souffrance physique t’aide à oublier la souffrance mentale. À défaut de te tailler les veines, c’est p’têtre un chouia plus sain. Les drogues aussi aident pas mal — si t’es dans une phase de manie, ça décuple ta joie et ton plaisir, te faisant tout ressentir à trois mille pourcent ; si t’es dans une phase de dépression, ça te tire vers le fond, mais au moins, t’es trop léthargique pour vraiment réfléchir. Et à défaut d’être à la maison, c’est dans les rues qu’tu passes la plupart de ton temps, à faire conneries sur conneries, histoire de prouver que t’es un bad boy. En vrai, t’es juste un cassos de plus qui pense être le roi du monde alors qu’il sait juste pas quoi faire de sa vie.

(( but would could love me? )) 17 ans.
— tw : misogynie, irrespect.

Les meufs t’intéressent pas vraiment. C’que tu cherches dans la vie, c’est davantage un groupe de potes sur lesquels tu peux compter — le sexe opposé, tu t’en bats complètement les couilles. Mais tes potes, c’est pas leur cas. Ils vivent autour des meufs, passent leur temps à vouloir baiser et toi, ça t’a jamais vraiment traversé l’esprit. Pourtant, t’as l’impression qu’tu dois le faire. Passer le cap d’en baiser une, pour qu’on arrête de te charrier, pour qu’on arrête de te saouler. Alors tu finis par céder, avec une meuf random que tu connais à peine. Et après, t’enchaines. Genre de compétition amicale entre vous, de qui aura le plus grand tableau de chasse. Les conquêtes qui défilent, l’esprit de compétition qui t’amène rapidement en haut du podium, te laissant penser que t’as ta place parmi les mâles. Les meufs ne sont que passagères, prises et jetées pour ton propre intérêt. Jamais en train de communiquer, pas vraiment de place au respect, toujours en train de dominer. Parce qu’au final, au fond de toi, tu crois pas pouvoir être aimé. Trop faible, trop frêle, un taré, un raté. Les mots de ton père qui passent en boucle dans le fond de ta tête, comme un CD foutrement cassé.

(( get me the fuck out of here )) 18 ans.

La majorité qui signe ton départ du domicile familial. Ciao les tarés, j’me casse d’ici. Sauf qu’tu peux pas partir sans elle. Elle te laisse pas partir sans elle, c’est la condition à ton émancipation. Alors tu la prends sous ton aile. Un appart pourri à Trumbull, à deux doigts de tomber en ruines, mais le loyer est suffisamment bas pour qu’tu puisses emménager. Et ta petite soeur dans tes pattes, ado de quinze ans qui mériterait d’être éduquée par quelqu’un qui sait c’qu’il fait. Parce que toi, t’as pas eu de bon exemple. Et t’as l’impression qu’t’es condamné à répéter les mêmes schémas familiaux, à défaut d’connaître autre chose. Et plus t’essayes de ne pas être comme ton daron, plus t’as le sentiment de t’en rapprocher.

(( a wolf can never be a pet )) 19 ans.

Pas de système de soutien, pas de groupe sur qui compter. Jusqu’à la rencontre des Ghosts. Famille choisie qui semble être trop soudée pour être vrai. T'as écouté leurs histoires, t'as bu leurs paroles, impressionné, intimidé. Les noms que tout le monde connaît, les noms qui font trembler. Et toi aussi, t'as commencé à rêver. D’avoir un entourage sur qui compter. Toi aussi, t'aimerais les voir tressaillir à l'entente de ton patronyme. Fantasme d'être reconnu un jour. Ville à conquérir, terrain de jeu qui doit t'appartenir. T'es même pas motivé par l'argent, non vraiment, c'est juste la reconnaissance qui t'intéresse. Regardez d'où je viens, regardez où je suis. Égo surdimmensionné et énergie illimitée dans tes phases de manie, mais tes phases dépressives ralentissent ta progression, rendent ton ascension plus compliquée.

"Ton heure arrivera, gamin." qu'on te répétait. Suffisait qu'tu fasses tes preuves. Et les tafs les plus ingrats, tu les faisais sans broncher, parce que tu savais qu’t’étais testé. Et tu voulais montrer que t’étais digne d’être là. Qu’on pouvait compter sur toi. Le bizutage sévère a duré un an, et c’est seulement encore un an plus tard que le vote t’a officiellement intégré de façon unanime à la clique. Et enfin, l’omega devient beta.

(( look what you made me do )) 22 ans.
— tw : violences.

d'athéna, reçu le 18/10/2018 à 15:12
pourquoi t'as fait ça ares?


15:14
arrête de faire comme si tu savais pas


15:16
il est à l'hosto ares


15:20
tu me gaves putain

15:20
pourquoi t'es toujours obligé de tout gâcher


15:22
ouais j'suis sérieuse

15:22
c'était quoi ta raison cette fois, hein?


15:24
c'est le troisième ares. c'est le troisième que t'envoies à l'hosto. et tout ça pour quoi? parce que j'suis proche d'eux? parce que j'fais ma vie tranquillement? parce que j'les aime?


15:26
j'en ai vraiment trop marre de toi ares. faut qu't'arrêtes de vouloir buter mes copains.

15:27
de toute façon, je sais même pas pourquoi je t'en parle, c'est pas la première fois, c'est pas comme si ce que je te disais allait changer quelque chose. tu comptes pas changer, hein?


(( hope for the underrated youth )) 25 ans.

Après deux ans en tant que newbie à enchainer les tâches ingrates et prouver ton intérêt, puis quatre ans en tant que membre à te faire respecter, à montrer que t’es un élément fiable sur lequel on peut compter, la dévotion finit par payer. Le poste de formateur qui t’est offert, prouvant la confiance qu’on t’attribue. Ton ambition récompensée, t’es dorénavant en charge des petits nouveaux. Forcément qu’tu leur en fais un peu baver, comme on a pu le faire avec toi. Mais tu te dois de les tester, leur inculquer les idéaux des Ghosts, leur faire comprendre comment la machine fonctionne et où est leur place. T’es devenu au fil des années celui qui entraîne les troupes au combat, nouveaux comme anciens — et celui qu’on appelle quand les méthodes pacifistes ne fonctionnent pas, jamais hésitant d’utiliser la force si besoin. T’es toujours le premier à répondre quand on t’appelle, le premier à rendre service, le premier à dépanner mais aussi à déconner. Parce que les Ghosts, c’est la famille que t’as eu le luxe de choisir. Et ça a beau être cliché, ton allégeance, elle est à la vie, à la mort.